Vallecas s’ouvre à l’Europe
Au terme de la 38e journée et d’un match nul face aux insulaires de Majorque, les madrilènes décrochent une inédite 8e place, synonyme de coupe d’Europe. Pour la seconde fois de leur histoire, 25 ans après.

En voilà un beau cadeau de 100 ans.
Créé en 1924 par de jeunes ouvriers, le Rayo est un club populaire qui malgré une histoire partagée entre élite et seconde division, vient de définitivement composter son ticket pour la coupe d’Europe la saison prochaine.
Dans un stade de Vallecas, délabré, couvert d’affiches en soutien à la Palestine, à la cause LGBT ou de manifestes appelant à lutter contre la domination bancaire capitaliste, Trejo et sa bande n’ont pu obtenir mieux qu’un 0-0 face à Mallorca qui consolide néanmoins un huitième rang en Liga. Et par ricochets, cela grâce à la belle saison des clubs ibériques dans les 3 coupes d’Europe, cette position au classement est synonyme de qualification continentale.
Malgré de nombreuses occasions, les hommes d’Iñigo Pérez ont buté sur un Greif rebondissant dans les cages de Mallorca. Il n’aura pas néanmoins tout arrêté, rejoignant bien vite son vestiaire lorsqu’au coup de sifflet final, des milliers de supporters sont descendus des travées pour envahir une pelouse déjà caramélisée par les rayons de soleil. Une fête qui s’est prolongée de longues heures dans les rues de Vallecas, quartier populaire de la capitale madrilène.
Il serait mentir d’affirmer que dans le jeu, le Rayo est l’équivalent du Barça de Flick. Une technique parfois approximative, des longs ballons pour ressortir et du combat. Mais beaucoup de courage, et pour ses aficionados de Vallecas, c’est bien là le plus important.
Faire honneur à cette zone peu touristique de Madrid, populaire, profondement anti-raciste, anti-capitaliste aux valeurs proches de celles de l’extrême gauche. Un modèle marxiste de luttes des classes: se battre pour sa survie contre les grandes puissances même avec des moyens limités, c’est possible.
Si le Rayo est si particulier à l’échelle du monde professionel, c’est parce que son fonctionnement est tout aussi singulier. Pas de ventes de places en ligne mais des billeteries physiques ouvertes quelques jours avant le match au stade, un club de la capitale tapi dans l’ombre de ses colossaux voisins et cet identité politique forte émanant de ses tribunes, à contre-courant des idéaux généralement associés aux groupes ultras.
Alors oui, on pardonne un jeu parfois brouillon, parfois simpliste, quand les valeurs sont aussi fortes. Emmenés par l’artiste Isi, des joueurs d’expérience comme le français Lejeune et de belles promesses incarnées par le roumain Ratiu, les rouges et blanc ont arraché une première qualification européenne depuis 25 ans, la seconde de leur histoire. Certes, ce ne sera que de la Conférence League, enfin, un barrage de Conférence League.
Mais pour ce quartier aux maisons faites de briques rouges, irréductible zone de la capitale où vous ne verrez pas de maillot floqué Vinicius ou Mbappé, pouvoir accueillir quelques touristes des 4 coins de l’Europe la saison prochaine, c’est un cadeau inattendu. On parlera anglais, polonais et hollandais ailleurs que dans le parc du Retiro l’année prochaine à Madrid.
